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18/04/2024
Fleury-Merogis, Borgo... il y a des noms qui, à peine prononcés, déclenchent la vision d'une prison plutôt que d'une ville alors que je n'y ai jamais mis les pieds. Nous sommes en France et, contrairement à nos voisins d'outre-Atlantique, nous n'aurons pas le droit au classique "inspiré d'une histoire vraie" pour nous faire adhérer à tout et n'importe quoi mais bien à un panneau explicatif disant que le point de départ du film s'inspire de faits réels (non encore jugés !) mais que tout le reste est sans rapport (enfin presque).
La vie des gardiens de prison, métier qui n'attire pas naturellement les jeunes à la sortie de l'école et qui demande à la fois de la poigne et de la psychologie alors qu'il est rétribué - comme tout poste de fonctionnaire - avec un salaire qui commence, si j'en crois une recherche rapide sur Google, de 1 355 € net/mois pour un surveillant élève à 2 416 € net/mois pour un major.
Il existe environ 30 000 gardiens de prison en France et côtoyer des individus plus ou moins retors ne doit pas être tranquille tous les jours. Quand en plus l'environnement extérieur n'est pas des plus accueillants (c'est un euphémisme), comment trouver sa place et ne pas se faire dévorer. La question est posée dans le film mais il est plus difficile (et moins spectaculaire) de filmer la vie de la famille dans son HLM que celle de la gardienne dans la prison.
Cela se comprend mais avec un peu pus d'effort de ce côté-là, j'aurais pleinement adhéré à ce film qui alterne entre la vie de cette famille et une enquête policière déclenchée par le meurtre de deux Corses qui sortaient de l'aéroport d'Ajaccio. Les deux trajectoires alternent et tendent toutes vers le moment fatidique. Une façon habile d'imager le fameux théorème des gendarmes qui dit, en mathématiques, que "Si pour tout x, f(x) ≤ g(x) ≤ h(x) et si les fonctions f et h ont la même limite L en k, alors la limite de la fonction g en k est aussi L" ;-)
De fait, on ne voit pas comment le personnage principal ne pourrait se compromettre. Encadrée à l'extérieur par les pressions/aides faites sur sa famille, à l'intérieur par celle des prisonniers... Comment éviter cela ? Comment vivre tranquillement quand on est dans une ville aussi petite ? Le piège semble inévitable mais le personnage interprété par Hafsia Herzi tient globalement la route, jusqu'au dernier quart du film où tout dérape un peu trop vite.
Un livre aurait sûrement permis de mieux détailler les choses, de mieux gérer la temporalité des évènements, de mieux comprendre le peu d'enthousiasme montré par le commissaire pour rechercher les responsables du meurtre, de mieux comprendre la vie de la directrice de prison.... le film se contente de suggérer les choses, le plus souvent avec réussite mais je ne peux m'empêcher d'avoir un petit goût d'à peu près qui m'empêche de pleinement m'enthousiasmer pour ce film.
Au-dessus de la moyenne ? Sans soucis mais aurais-je envie de le revoir ? Non... de me renseigner sur la véritable histoire ? Oui ! Aller, ça fera @@+ ce qui le place déjà dans le tiercé de tête des films vus lors de ces vacances d'avril, assez décevantes au demeurant.
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